Le pommier du poète.
Le poète a voulu planter un arbre dans son jardin, mais pas n'importe quel arbre, un pommier-pleureur qui produirait de gros fruits rouges comme la pomme de la sorcière de Blanche Neige.
Il s'en alla trouver le pépiniériste, un vieux bonhomme aigri par la concurrence des jardineries modernes mais qui avait gardé une passion pour les arbres, il se disait éleveur.
Notre homme trouva un arbre squelettique dont il coupa un peu la tête pour l'allonger en diagonale dans sa voiture avec un sac d'engrais et un grand tuteur en bois. Ainsi équipé le cortège s'ébranla pour sa dernière demeure, nous savons qu'il n'est pas bon de déplacer des arbres adultes, mais celui-ci était encore jeune et nous avons appris que les arbres communiquent entre eux et se parlent pour se protéger des intempéries.
Le poète creusa un trou un peu plus grand que la motte, il mit un peu d'engrais dans le fond et plaça délicatement son arbre avec le tuteur en étalant bien les racines, l'attachant au tuteur avec trois colliers noirs Il ajouta un mélange de terre et arrosa le tout. La première année, le pommier ne donna que des feuilles, la deuxième année guère plus, mais à l'automne de la troisième année, il était couvert de pommes qui ne demandaient qu'à grandir.
Tous les jours au petit matin, il était heureux de voir ses pommes mûrir au soleil. Il aurait bien voulu partager sa joie avec le vieux pépiniériste mais celui-ci avait fermé sa boutique peut-être même qu'il était mort de chagrin.Lui qui avait tant parlé aux arbres, personne ne venait plus lui parler. Avec le corona virus le poète appréciait que le masque mette en valeur les yeux des femmes qu'il croisait dans la rue.
jean.leclercq2@free.fr