John Le Carré.
L'héritage des espions.

Nous avons gardé une vision  idyllique des espions de la  deuxième guerre mondiale – le deuxième bureau, l'intelligence service, la CIA, la Stasi, le KGB.

 Aujourd'hui quelques cinquante ans après, l'information circule plus librement avec les réseaux sociaux et Internet. Nous réalisons mieux le coté obscur des services , pour qui tous les moyens sont bons si le but est avouable, c'est tout à fait machiavélique.

John Le Carré espion franco-britannique nous fait part des rivalités entre les services d'un même pays et des pays entre eux, qu'ils soient alliées ou ennemis.

La jeune génération qui a pris le pouvoir porte un jugement sévère sur les anciens qui a laissé un goût amer à John Le  Carré.

Retiré dans sa ferme bretonne, il digère milieux ses souvenirs en buvant du Calva avec un vieux paysan installé sur la lande.

Un livre intense, dur, cruel et noir froidement réaliste, à déconseiller aux cœurs fragiles.

C'est l'apport de ce genre d'écrivain qui fait que la culture française dans ce qu'elle a de meilleure est universelle. 

Léon l'Africain c'est l'histoire au XV° s.de la guerre entre les musulmans de la province de Grenade et les Chrétiens  de Castille, et d'Aragon du roi Ferdinand. Quand les musulmans de Grenade sont battus, dans un premier temps les juifs sont exilés vers le Maghreb, l'Égypte et la Turquie, puis les musulmans eux-mêmes spoliés de leurs terres  s'expatrient eux aussi à Fès. 

une histoire vue de l'intérieur par Amin Maalouf qui sait de quoi il parle parce qu'il s'agit de  sa propre culture. C'est tout l'intérêt de rentrer dans les mœurs politiques d'une époque, le Sultan, le Vizir, le Cheik, les courtisans, les notables et le peuple. le Mufti, les Ulémas, le Sultan d'Égypte ou de Constantinople.

Les arrivistes, les traites, ceux qui savent lire, les paysans. Un peuple profondément religieux, ce qui ne manque pas de nous étonner. Mais que l'on soit musulman ou chrétien c'est plutôt une attitude sociale que la preuve d'une foi profonde. 

la géopolitique se redessine aujourd'hui comme hier avec les luttes entre les musulmans, les chrétiens, les Turcs, les Espagnols, les Italiens et les Français – ce qui n'a pas tellement changé. 

Les vainqueurs des guerres de religion militaires écologiques ou commerciales n'utilisent pas toujours leurs forces au mieux. 

Il est très instructif de relire cette page du passé qui nous éclaire sur notre présent.

Rouge Brésil

R O M A N

An temps de la renaissance XIV s- XV° s. les Français lorgnaient sur les richesses du Brésil, un pays déjà partiellement occupé par les Portugais. Ils ont armé trois bateaux et embarqué des marins, des militaires, des ouvriers, et des civils. Après une traversée très dure en raison de la tempête, ils ont accosté sur une île déserte près de la côte où vivaient des indiens cannibales, hommes, femmes et enfants complètement nus.

Fort heureusement ces Indiens se disaient amis des Français et ne souhaitaient pas les manger ! Ils ne mangeaient que leurs ennemis pour s'approprier leurs forces en s'assurant de leur mort. Une conception de la vie et de la mort totalement étrangère à celle des européens qu'ils soient français, portugais, ou italiens.

Par ailleurs les Européens n'étaient pas du tout scandalisés d'utiliser des esclaves sur qui ils avaient le droit de vie ou de mort, et qu'ils considéraient comme des inférieurs.

Ces gens-là n'étaient pas des sauvages, mais ils vivaient avec la nature selon une éthique qui leur était propre. L'expédition était dirigée par des hommes de haut vol, hors du commun. L'intérêt du livre ce n'est pas seulement l'histoire qu'il raconte, mais la manière dont ces hommes ont fait l'histoire.

C'est un des épisodes les plus méconnus et les plus extraordinaire  qui méritait d'être connu, et qui correspond à nos racines. C'est l'opposition entre deux mondes le monde occidental qui se voulait plus civilisé et celui des Indiens plus sensible et spiritualisé.

Un pavé de 500 pages, facile à lire avec des rebondissements à chaque chapitre. La France aurait pu mieux sauvegarder ses intérêts au Brésil si elle n'avait pas été empêchée de le faire par sa situation intérieure

 Note de l'auteur :
Le plus étonnant dans cette histoire ce n'est pas qu'elle soit vraie mais que pendant longtemps elle ait pu être ignorée.

Les noms de Christophe Colomb, Marco Polo, Jacques Cartier Cavalier de la Salle et Dupleix éveillent en nous quelques échos.  La Louisiane, les colonies du Saint-Laurent, l'Indochine, Pondichéry sonnent comme des lieux de présence française. 

Le Brésil lui, n'évoque rien de tel et le nom de Villegagnon est tombé dans un oubli total.Oubli dans lequel est tenu cet épisode tient au refus d'en cultiver la mémoire, et non en l'absence de documents (JCR)