Nous sommes ce que nous répétons sans cesse (Aristote)

Le changement est une porte qui ne s'ouvre que de l'intérieur.

Tout est changement, non pour ne plus être, mais pour devenir ce qui n'est pas encore (Epictète).

Les grands bonheurs viennent du ciel, les petits bonheurs viennent de l'effort (Proverbe chinois)

Faire du bien aux autres c'est de l'égoïsme éclairé. 

Faire ce que tu aimes c'est la liberté, aimer ce que tu fais c'est le bonheur.

Face à la roche le ruisseau l'emporte souvent, non par la force mais par la persévérance.

Camille a en un accident (pneu éclaté), - une soirée noire et pluvieuse, sur une route déserte. Elle sonne à la maison la plus proche et c'est Claude qui l'accueille, un homme de soixante ans, grand, attentif et bienveillant. En l'écoutant il se rend compte qu'elle est dans une passe difficile et lui propose de l'aider, parce qu'il est routinologue. C'est celui qui soigne ceux qui ne supportent plus la routine de tous, les jours.

Dans un premier temps il lui donne des rendez-vous dans des lieux insolites et lui propose les exercices habituels des Psy à la mode. C'est drôle, amusant, plein d'humour avec une certaine légèreté.

Mais dans un deuxième temps Raphaëlle Giordano effleure sans approfondir tout le répertoire des coachs, ce qui devient pesant. Ce n'est plus un roman mais un catalogue des méthodes de formation plutôt lourd quand le lecteur aussi bien que Camille s'y perd un peu.

C'est un mélange des genres qui manque de maturité mais assez agréable à lire.

Bien sûr, il y a une fin heureuse, le routinologue n'est pas un vrai Pro et Camille retrouve sa joie de vivre.

(Jean Leclercq)

 Amin Maalouf – Nos frères inattendus

Alec, dessinateur d'âge mûr publié dans les grands journaux du monde, et Eve célèbre pour un seul livre- culte, vivent tous les deux séparément sur une île minuscule dans l'Atlantique, ils en sont les seuls habitants, quand une panne d'électricité et de tous les moyens de communications les obligent à se rapprocher.

L'île est reliée au continent par un passage à marée basse, .le Gouay surveillé par un passeur qui empêche les imprudents de traverser à marée haute

Le thème du livre c'est l'angoissante dissémination des armes nucléaires, détenues par des trafiquants et des extrémistes, quand la panne de courant suscite toutes sortes de rumeurs.

Les amis d'Empédocle, une petite minorité issue de l'antiquité grecque a su conserver les valeurs de la démocratie et lutte contre le maréchal Sardatov qui veut détruire les grandes cités de l'occident avec les ogives nucléaires volées à l'Union Soviétique. Ils ont su développer de nouvelles technologies bien supérieures aux nôtres devant lesquelles nous sommes totalement démunis et dépendants.

Notre civilisation va-t-elle survivre ou disparaître comme toutes celles qui l'on précédée ?

 Elena Ferrante – L'amie prodigieuse

Naples et l'Italie du sud – un quartier populaire misérable et pauvre – vivant en autarcie sans ouverture sur le monde – un climat de violence et de brutalité Les hommes sont machos, les femmes dépendantes et soumises, les enfants livrés à eux-mêmes.

Malgré toutes ces réserves, une classe sociale solidaire dans la communauté, capable de fraternité.Deux amies Lena et Lila font la découverte de la vie, le travail, l'argent, une étonnante approche de la sexualité. Elles sont toutes les deux brillantes l'une très dynamique, l'autre plus réservée.

C'est long, compliqué, fatiguant, Elena Ferrante en a fait une saga de 2.000 pages en 4 tomes. A la fin du deuxième tome j'ai eu envie de faire une pause, de marquer un temps d'arrêt, comme si un coureur du marathon pouvait s'arrêter au milieu de la course pour se reposer !

Ces deux filles démunies devant les classes dirigeantes, nous donnent une belle leçon. Il faudrait savoir être soi-même, sans complexe ni renier nos origines tout en restant attentif aux autres.et à ce qui nous fait grandir.

 Hatoko : la petite-fille (Popo)

L'ainée : la grand-mère

Madame Barbara : une voisine

 Nous sommes au Japon, un pays dont les traditions culturelles sont tellement différentes des notres qu'il ne faudrait pas s'en étonner.

"L'ainée" tient une petite papeterie où elle exerce le métier d'écrivain public. Elle a accueilli Hatoko, sa petite-fille et lui a appris l'art difficile de la calligraphie. Il faut apprendre à écrire des lettres au pinceau, faire son encre avec la pierre à encre en calculant bien sa dilution mais surtout quand la calligraphie se met au service de l'écrivain public, il faut être à l'écoute, savoir consoler, accompagner, encourager et bien répondre aux attentes des "clients"

Quand l'informatique, l'électronique et les Smartphones se développent, l'écrivain public évolue et dessine les enseignes des magasins, des messages publicitaires et des lettres officielles; tout en gardant le contact avec les petites gens.

A la mort de l'ainée, Hatoko hérite de la papeterie et devient écrivain public. Ogawwa Ito nous fait vivre au jour le jour avec les gens du quartier, et de la  petite ville,  c'est une découverte du Japon par la base.

Un air de poésie qui rend la vie plus légère, et plus douce, dans ce pays qui est à la pointe des nouvelles technologies. Il y a tout lieu d'espérer quand la place des fleurs y est si importante.

  Paul : écrivain raté et père inconsistant, Sarah une prof qui partage sa sexualité entre son mari et une amie, Manon, la fille blessée par le comportement de ses parents, Clément, un adolescent dans la fraîcheur de l'enfance;

Un aperçu de la société sociale et culturelle à Paris et sur la côte d'émeraude, une suite à mai 68 qui s'annonce triste.

Quand la vie à Paris devient trop chère, la famille se réfugie sur la côte d'Emeraude où la grandeur des paysages ne lui suffit pas

Le ciel est gris, l'ambiance est morose, il n'y a pas la plus petite éclaircie en vue mais une belle étude des caractères. Sur un tard Paul réalise un scenario avec le soutient inattendu de Manon, Sarah se remets de sa liaison avec Lise, et Clément retrouve la sérénité;.

C'est suffisant pour que toute la famille sable le Champagne avec bon heur le jour de Noël

 ".Il suffirait d'un peu d'amour pour que l'on s'aime"

 Membre de l'académie américaine des arts et des lettres, titulaire de multiples et prestigieuses récompenses littéraires parmi lesquelles le National Book Award, Joyce Carol Oates occupe depuis longtemps une place  au premier rang des écrivains contemporains. Elle est l'auteure de nouvelles et de nombreux romans dont "Les Chites" (prix fémina étranger en 2005),"Mudwoman" (meilleur livre étranger en 2015 pour le magazine    Lire) et Daddy Love )

S'billa 14 ans, une fille noire, kidnappée, battue et violée par des flics blancs et abandonnée à la mort dans une usine désaffectée. Pas d'arrestation, black-out sur les informations et censure par les médias, les structures du pouvoir, et les hommes politiques blancs

Ada, la bonne voisine découvre S'billa, et la fait soigner à L'hôpital, s'étonnant de ne pas être remerciée par la famille et que l'affaire ne soit pas ébruitée.

Les deux frères, le révérend Marcus Mudrick et l'avocat Byron Mudrick se saisissent de l'affaire pour dénoncer le racisme policier des blancs, mais surtout pour s'enrichir en usant de faux témoignages. Marus est assassiné et son frère se cache tremblant de peur.

Quand arrive le Prince Noir, leader charismatique d'une branche dévoyée de l'Islam. Il convertit S'billa à sa religion, et la fait vivre dans sa communauté en écartant Ednetta la mère. Pour se venger des flics blancs, Anis le beau-père de S'billa exécute quatre flics et se fait abattre dans la rue.

Joyce Carol Oates en a fait une satire des relations raciales et du sensationnel, en dénonçant le racisme policier, insistant sur une Amérique profondément divisée entre les Blancs, les Afro-Américains et les Hispano-américains, sans compter les "petits blancs" tenus à l'écart de la prospérité du pays.

                                                           jean.leclercq2@free.fr

Joyce Carol Oates - Écrivaine

Joyce Carol Oates, née le 16 juin 1938 à Lockport dans l'État de New York, est une femme de lettres américaine, à la fois poétesse, romancière, nouvelliste, dramaturge et essayiste. Elle a également publié plusieurs romans policiers sous les pseudonymes Rosamond Smith et Lauren Kelly. Très connue aux USA et moins en Europe, Joyce Carol approfondit les grands thème de la vie qui divisent et agitent l'Amérique

Gus Voorthees est un médecin engagé qui accueille les femmes en détresse et pratique l'avortement dans des cliniques spécialisées, au péril de sa vie et mettant sa famille en danger.

Face à lui, Luther Dumphy, un fou de Dieu, se réclamant abusivement de la foi chrétienne croit devoir tuer Gus l'avorteur, tueur d'enfant.

Après un jugement souvent reporté Luther est condamné à mort, et son éxécution est différée plusieurs fois.

A partir de ces deux figures Joyce Carol analyse, la société américaine. Plus troublant encore sont les enfants  d'un père assassiné ou assassin

Un livre dur et puissant, un pavé de 800 pages passionant mais trop long.

jean.leclerecq2@free.fr

Dostoïevski – Les carnets de la maison morte.  

Dostoïevski a été détenu au bagne de Sibérie pendant deux ans. Il n'était pas du tout un criminel mais il avait participé à un complot politique Il en a profité pour étudier le comportement des bagnards tous plus ou moins condamnés pour des crimes horribles, dans un livre qui dit bien qui il est – un des écrivains majeurs de la littérature russe.

Tous les bagnards se regroupent par affinité, les nobles, les paysans, les politiques mais en vivant ensemble ils finissent par s'apprécier pour ce qu'ils sont en réalité. Et Fiodor a trouvé dans les plus mauvais des détenus une nuance de bonté et d'amour.

C'est ce qui fait qu'il a dépassé en notoriété Tolstoï un autre écrivain russe et qu'il aurait inspiré Nehru le libérateur de l'Inde et Martin Luther King.

Le talent de Dostoïevski c'est de nous faire découvrir à travers les conditions terribles du bagne qu'il y a toujours une lueur d'espoir qui nous fait lire son livre difficile jusqu'au bout.  

Diplômée en zoologie et en biologie, Delia Owens a écrit son premier roman à 70 ans.

Son livre a été le roman préféré des Lecteurs de New York Time pendant 25 semaines, il est apprécié dans le monde entier.Kya est abandonnée par sa famille à l'âge de 7 ans, - une mère dépressive et un père alcoolique, violent et poète, quand ses frères et sœurs ont déserté la cabane familiale. Elle est obligée d'apprendre à .faire la cuisine et les courses, de ramasser des moules et de vendre les poissons fumés qu'elle a péchés pour gagner un peu d'argent.

Elle ne sait ni lire ni écrire ni compter mais elle connait très bien le marais où elle vit seule, les oiseaux, les plantes et les poissons. 

C'est ce qui lui donne une dimension supérieure en lien directe avec la nature; Elle n'est pas cette fille sauvage et inculte que l'on croit. Elle finit par rencontrer un jeune garçon beau avec ses boucles blondes un peu plus vieux qu'elle, qui lui apprend à lire et lui fait découvrir la science et la poésie.

Delia pense que les hommes devraient calquer leur comportement sur celui des animaux, ils n'ont pas d'état de conscience mais ils vivent d'instinct selon leur nature, sans rien gaspiller.

Il y a dans ce livre une fraîcheur d'âme peu ordinaire qui fait ce livre de 500 pages facile à lire, malgré  quelques longueurs.

 Joseph Ponthus – A la ligne

Un ouvrier qui travaille dans les conserveries de Bretagne, partage sa vie aussi épuisante que dégradante et ce qui lui permet de garder le cap, c'est qu'il a eu une autre vie. Il connait les auteurs latins, les poètes, les chansons à la mode, il est amoureux de sa femme, et il trouve du bonheur à promener son chien.Son style est drôle, fraternel, distancié, souvent il étonne par sa lucidité, il sait transformer la condition ouvrière en une sorte d'épopée.

Cette manière de sublimer ses difficultés rejoint tous ceux qui ont connu le pire ce qui fait du premier livre de Joseph Ponthus une belle page de vie..