Le pommier du poète.

Le poète a voulu planter un arbre dans son jardin, mais pas n'importe quel arbre, un pommier-pleureur qui produirait de gros fruits rouges comme la pomme de la sorcière de Blanche Neige.

Il s'en alla trouver le pépiniériste, un vieux bonhomme aigri par la concurrence des jardineries modernes mais qui avait gardé une passion pour les arbres, il se disait éleveur.

Notre homme trouva un arbre squelettique dont il coupa un peu la tête pour l'allonger en diagonale dans sa voiture avec un sac d'engrais et un grand tuteur en bois. Ainsi équipé le cortège s'ébranla pour sa dernière demeure, nous savons qu'il n'est pas bon de déplacer des arbres adultes, mais celui-ci était encore jeune et nous avons appris que les arbres communiquent entre eux et se parlent pour se protéger des intempéries. 

Le poète creusa un trou un peu plus grand que la motte, il mit un peu d'engrais dans le fond  et plaça délicatement son arbre avec le tuteur en étalant bien les racines, l'attachant  au tuteur avec trois colliers noirs  Il ajouta un mélange de terre et arrosa le tout. La première année, le pommier ne donna que des feuilles, la deuxième année guère plus, mais à l'automne de la troisième année, il était couvert de pommes qui ne demandaient qu'à grandir. 

Tous les jours au petit matin, il était heureux de voir ses pommes mûrir au soleil. Il aurait bien voulu partager sa joie avec le vieux pépiniériste mais celui-ci avait fermé sa boutique peut-être même qu'il était mort de chagrin.Lui qui avait tant parlé aux arbres, personne ne venait plus lui parler. Avec le corona virus le poète appréciait que le masque mette en valeur les yeux des femmes qu'il croisait dans la rue.

jean.leclercq2@free.fr

Notre hortensia artificiel  a fleuri

 Il a suffit de le déplacer du coin, où il hivernait pour qu'il déploie sa magnifique floraison. C'est dire la force du mental, n'en déplaise aux jardineries qui se voient privées d'en vendre.

Il faut dire que vu de loin  on dirait un vrai, le nôtre est bleu comme tous les bretons, et il parait difficile de lui donner un petit frère, parce qu'il vient de Chine.et l'usine qui le fabrique se concentre sur les masques.

De toutes façons il est impossible  d'affréter un container d'hortensias roses, même en panachant avec des bleus, il n'y a pas assez de demande, et les avions sont réquisitionné  sur l'essentiel sans place pour la poésie des fleurs.

Il n'est pas interdit de penser qu'avec la fin du Covid19, un Antonov russe chargé de fleurs puisse atterrir à Lille-Aéroport, et qu'à l'arrivée les hôtesses jettent les pétales de fleurs sur la piste, pour fêter le printemps.

Peut-être que sans le Covid 19 nous n'aurions jamais apprécié la belle couleur bleue de notre hortensia artificiel.

  19-nov.-19

Un livre d'anecdotes, et de références. Facile à Lire

Éric Orsenna de l'académie française a voulu réécrire la vie de La fontaine. Un des meilleurs poètes de notre temps, celui qui se disait paresseux mais un travailleur. Plus fidèle en amitiés qu'en amours. Ayant dilapidé son héritage, vivant d'expédients, plus intéressé par les filles du quartier latin que par sa femme

Très connu par ses fables qui ont enrichi son éditeur, sans rien lui rapporter

Le fêtard invétéré qui finit comme un dévot insupportable. A sa mort on a découvert qu'il portait un cilice  pour expier ses fautes !

 Quand la femme du poète est tombée malade, il a voulu faire les courses. Dès qu'il a pu récupérer un jeton, il a débloqué un caddy et s'est engagé librement dans les allées de l'hypermarché. Très impressionné par les couleurs des cartons, il s'est demandé de quelle école de peinture ils se réclamaient, impressionniste, surréaliste, cubistes.

Il a croisé des américains, des anglais, des arabes et même des belges, en remarquant que quand les caddys étaient pleins les clients les vidaient sur le tapis roulant et recevaient en échange un beau sourire. Mais son chariot restait désespérément vide, sans que jamais personne ne lui sourie.

Voyant le jour baisser il s'est dit qu'il reviendrait le lendemain, mais en traversant la rue il s'est fait renverser par une voiture, et il a été conduit aux urgences.

De là il a téléphoné à sa femme pour lui dire qu'il était un peu blessé et qu'il ferait les courses plus tard.

C'est tout un art de faire les courses !

Pendant la canicule je dors la fenêtre ouverte, pour être réveillé au petit matin par l'air froid, le bruit de la circulation qui reprend et la ville qui s'éveille.

La nuit est faite pour dormir, c'est le temps du repos, qu'il ne faudrait pas négliger en se levant trop tôt sans raison, au risque d'un sentiment de culpabilité.

Peut-être aussi que le temps de l'insomnie est propice à la réflexion, pour s'ouvrir au monde. En tournant le dos à la lumière nous retrouvons le sommeil respectant le cycle naturel du corps.

Il y a quelque chose de magique dans les bruits de la nuit, un chien qui aboiet, un bébé qui pleure, le vent qui monte, l'orage ou la tempête qui menace, les premiers travailleurs de l'aube ou tout simplement la respiration lente et régulière de ceux qui dorment bien.Heureusement les avions sont interdits de vol jusqu'à six heures du matin, pour nous qui sommes près de l'aéroport ce serait mieux 7:30 h. tant mieux pour ceux qui partent en vacances ou d'autres qui font un aller et retour en une journée pour aller travailler.

Les nuits de l'hôpital sont moins gaies, on ne sait jamais si le voisin de chambre va rendre son dernier soupir.

D'autres nuits sont particulières :

- Les moines qui se lèvent la nuit pour prier.

- La nuit du veilleur de nuit

- Celui qui monte la garde

- Tous ceux qui sont d'astreinte pour une raison ou pour une autre.

- Le contrôleur des Wagons-lits qui somnole assis sur un petit tabouret.

- la nuit des chasseurs, des fêtards, des voyous, des voleurs.etc.Je pense à tous ceux-là dont je me sens proche quand je ne dors pas en réalisant que je ne suis pas trop mal loti, avec un grand respect pour les vrais insomniaques qui deviennent grincheux. C'est vrai que je ne suis pas un insomniaque sérieux, je serai plutôt un poète qui rêve.

 100.000 Kms

Ma vieille voiture passe le cap des 100.000kms, elle n'a jamais si bien marché, le garagiste pense qu'elle est à la moitié de sa vie. J'aurai bien envie de changer pour avoir un GPS intégré, une caméra de recul, un système de créneau automatique, et des commandes vocales. Mais j'aurai le sentiment d'une trahison, un manque de respect, une sorte d'infidélité, d'être un ingrat.

J'en ai profité pour faire un examen médical complet, la dermatologue, le cardiologue, les radiologues, la généraliste, l'urologue, la néphrologue, l'angiologue, tout va bien.

Je voudrai bien savoir lequel de nous deux a la plus longue espérance de vie, ce qui est sûr c'est que d'aller d'un spécialiste médical à un autre c'est le parcours du combattant, et c'est tellement plus simple chez le garagiste – chez lui c'est tout-en-un.

J'ai une relation particulière avec ma voiture qui me conduit partout, elle connait mes habitudes et je serai désolé de la voir vieillir plus vite que moi.

Cette nuit j'ai rêvé d'une grande fête où j'aurai invité les médecins, les infirmières, les aides soignantes, les mécanos, les comptables, les secrétaires, les coiffeurs, le caviste, les banquiers je suis le seul lien avec tous ceux-là, raison de plus pour entretenir la flamme d'un petit monde dont je suis le centre - pour une fois que je suis reconnu, c'et ma deuxième famille, une famille virtuelle !

 Le dictateur (Charlie Chaplin)

Peu  de réalisateurs sont capables de mettre en scène avec tant de finesse le tragique qui se mélange avec la poésie, ou la drôlerie

Un petit barbier juif du ghetto est battu  par la police, il est jeté par terre, et se relève d'une démarche hésitante. Pour reprendre son équilibre il marche d'un pied sur l'autre le long du trottoir sur une trentaine de mètres comme dans une danse. Il ramasse sa canne et son chapeau, prend le bras de sa fiancée et repart dans la vie;

Pour se tenir debout il a besoin de sa canne et de son chapeau mais aussi de sa fiancée.

Comment mieux traduire la fragilité d'un homme devant les violences policières, et en même temps sa dignité

Dans sa gestuel, dans ses mimiques, et sa démarche il exprime son moral, ses états d'âme mieux qu'avec des mots;

A la fin du film les rôles sont inversés, le petit barbier devient le dictateur qui doit faire un discours au congrès de Nuremberg après l'annexion de l'Autriche devant une foule immense. Mais il ne fait pas le discours attendu et prêche un message de paix et d'amour.

Il ne faut pas oublier que le film est sorti en 1940, et qu'il fallait un certain courage pour critiquer sans retenue le régime hitlérien..

La télévision qui a rediffusé le film cette semaine a sans doute pensé qu'il était toujours actuel et que Charlot était bien plus qu'un comique.

Peut-être aussi que Louis de Funès s'est inspiré de Charlot mais il ne fait pas dans le même registre.

Le poète est fatigué, il aspire au repos

Il a rêvé de se coucher comme les princes arabes dans un tombeau en marbre blanc veiné marron,. le couvercle posé  sur le coté, allongé sur le dos pour ne pas s'étouffer dans son sommeil.

En un instant il a revu toute sa vie.

D'un seul coup il a ressenti un déclic, sa vie est loin d'être finie, il a encore quelque chose à dire  Il s'est remis sur ses pieds, il a enfilé son manteau, il a mis son chapeau et pris son bâton. Puis il est reparti sur les chemins pour vivre avec ses amis.

Son rôle c'est d'apporter modestement une vision poétique au monde et de donner du sens à la vie.- c'est toujours possible ! Nous sommes tous des poètes dont le potentiel ne demande qu'à être exploité;

A chacun selon ses talents.