Muriel Barbery  nous entraine dans le monde passé de la campagne avec ses habitudes, ses rituels et ses légendes, loin des villes. Ces quelques citations valent mieux qu'un long exposé.

"Des paysans durs à  la tâche, et des femmes valeureuses qui prennent soin dans le froid des enfants, des dévotions et des fermes."

…"Elle ne savait écrire que son nom, et à la messe ne lisait pas les prières, mais les récitait de mémoire."

"…Avec ça une vraie pauvreté, celle des paysans qui ne font que cultiver la terre et élever des troupeaux qu'on emmène à la belle saison jusqu'au plus haut de ses versants.."

"…Ainsi cette jeune armure ardente et secrète qui sentait dans la brume ardente et secrète  la présence d'un être invisible dont elle savait plus certainement que le curé prêchait que le bon Dieu existait et qu'il était à la fois amical et surnaturel."

"On avait retardé de mettre les pommes et les poires à rider sur les claies en bois de la cave et il pleuvait à longueur de jour des insectes enivrées d'un grand cru de verger."

"Elle se rendait aux cuisines, une longue salle basse augmentée d'une réserve qui sentait la prune, le vieux confiturier et la poussière noble des caves".

 Les plus belles pages de Muriel sont celles de la vie à la campagne d'autrefois, dommage qu'elle ait cru devoir y ajouter de longues analyses philosophiques assez hermétiques et difficiles à comprendre  Sans doute qu'elle a voulu expliqué les Mythes et les légendes de ce temps-là. Elle est agrégée de philosophie quand Jean Giono sur le même thème est tout simplement un écrivain

 Jean-Cllaude Grunberg – La plus précieuse des marchandises.

 Jean-Claude Grunberg dont les grands-parents sont morts à Auschwitz a livré un conte très sensible sur le thème de la déportation des Juifs. C'est un conte écrit comme un livre d'enfant à lire au deuxième degré,

 Dans le train entre Drancy et l'Allemagne une jeune femme n'a plus assez de lait pour nourrir ses deux jumeaux qui vont mourir de faim. Le père, la mort dans l'âme décide de se séparer de l'un  des deux; en l'abandonnant. Cet enfant enveloppé dans un châle de prière est recueilli par pauvre- bûcheronne et adopté par son mari pauvre- bûcheron..

Ils sont si pauvres qu'ils n'ont de ressource que d'aller demander à un vieux militaire isolé dans un lieu désert de la forêt un peu du lait de sa chèvre, contre deux fagots de bois;.

Les miliciens en bleu-vert ont entendu parler d'un enfant juif non déclaré et veulent le saisir. De colère pauvre-bûcheron fend en deux de sa hache les miliciens et finit par être abattu lui-même.

 Terrifiée pauvre-bûcheronne se réfugie chez le vieux miliaire, où la petite fille qui a grandi devient amie de la chèvre. Rattrapée par la milice, le vieux militaire à la figure abîmée par la guerre est tué d'une rafale de mitraillette.

Pauvre-bucheronne et la petite-fille qui n'a pas encore de nom se retrouvent sur le marché pour vendre le fromage de la chèvre En passant le père reconnait le tapis de prière, et passe son chemin en pensant à toute le reste de sa famille mort au camp de déportation

 JMG Le Clézio – Une femme sans identité

 Rachel une petite fille abandonnée par sa mère à l'accouchement, et recueillie par son Père Mr. Abbou et Chenaz sa maîtresse une femme insupportable, égoïste et mauvaise

Bibi est la fille de Chenaz, enfant gâté quand Rachel est méprisée et maltraitée

Malgré tout Rachel considère toujours Bibi comme sa petite sœur et reste torturée de savoir qui est sa mère, quel est son nom – officiellement elle n'existe pas.

Quand les affaires de Babou périclitent, la famille se disloque et Rachel entreprend une longue galère, fille de rue, sans papier dont le souci principal est d'avoir une identité pour l'état civil

En définitif c'et Bibi qui sauve Rachel en la dirigeant vers l'aide humanitaire

C'est une novellas noire, d'une fille qui n'a pas d'horizon, qui n'est pas reconnue.

On peut se demander comment J.M.G. a pu écrire une nouvelle si dure, alors que dans le même livre il a écrit "Tempête" une autre nouvelle tellement lumineuse. Au lecteur de penser qu'à chacun sa liberté de choisir comment gérer sa vie.

Les cours du collège de France.

 En cette période de confinement nous sommes invités à prendre un peu de recul.Il y aurait 7% des français qui n'auraient pas accès à l'informatique et sur les 93% qui restent 30% qui ne savent pas bien s'en servir.60% du tout c'est un chiffre confortable en démocratie.

Tout à fait par hasard je suis tombé sur "LES COURS VIDEOS DU COLLEGE DE FRANCE". Pascal Picq, un éminent paléoanthropologue a essayé de démontrer que Darwin n'avait pas raison. L'homme ne descend pas du singe, mais nous  avons des ancêtres communs, et ceux de qui nous sommes les plus proches sont les chimpanzés et les gorilles. Un exposé d'une heure, captivant et très facile à comprendre.

Tout le monde ne s'intéresse pas aux singes de Pascal Picq, pas plus qu'à la mythologie grecque ou à la naissance de la philosophie. Mais j'ai été très étonné de découvrir que le collège de France, soit relayé par You Tube et diffuse des vidéos bien faites sur des sujets très différents, Dany Boum et le cinéma, Hergé et Tintin, l'odyssée d'Ulysse, le professeur Raout. Etc.

Quand le professeur Raout défend ses idées, face à l'intelligentsia Parisienne, nous ne sommes plus dans les querelles stériles mais dans le partage des idées, et quand le café du commerce est fermé par le Covid 19 il passe au stade supérieur avec le collège de France !

Étonnant, nicht war !

 Jean- Paul Dubois
Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon (Goncourt 2019)

 - Paul Hansen : en prison pour deux ans

 - Johanes Hansen : son père (branche minoritaire de ceux qui vivent dans la terre)

- Anna, Madeleine Marguerite : mère de Paul

- Patric Horton : compagnon de cellule

- Wiona : compagne de Paul

- Nouk :chienne de Paul.

- Gaétan Brossard : fonctionnaire de la prison

- Gérard Leblond : organiste de la méthodistes church

- Kieran Read : ami et confident de Paul

- Skagen : école de peinture

 C'est l'histoire d'une famille éclatée dans son essence.

Le Père originaire d'une famille de pécheurs danois quitte son pays pour épouser une femme à Toulouse, animatrice d'un cinéma d'avant-garde et militante révolutionnaire. Toute sa famille est dans la pèche et vendre son bateau pour fabriquer de la farine animale destinée à nourrir les poissons c'est déjà une trahison, quand plus tard il se découvre une vocation de pasteur. Une vocation qui n'a pas duré quand il perd la foi.

Quand Anna projette un film érotique la hiérarchie de son église destitue Johanes et le nomme au Canada.

Le fils rejoint son père au Canada, il vit de petits boulots et se retrouve en prison pour des raisons assez vagues. Dans sa cellule il se prend d'amitié pour Patrick, un biker aussi violent que primaire

Entretemps Anna la mère se suicide

Les fidèles de la paroisse de Johanes sont plus séduits par Gérard Leblond, un musicien exceptionnel que par les prêches du pasteur

Paul est en rébellion contre toutes les injustices, avec un sens profond de la fraternité. Il y a dans ce livre un accent de vérité qui s'impose.

Skagen est la ville d'origine de Johanes Hansen, c'st le lieu d'une école de peinture très connue, qui se trouve en opposition avec le monde impitoyable des sociétés minière du Canada dans l'esprit de Johanes.

Jean-Paul Dubois décrypte les paramètres de la vie de ses personnages, l'éducation, le milieu de vie, le climat, la religion, la culture etc..C'est ce qui nous ramène à nous –mêmes. Nous ne sommes pas vraiment libres, conditionnés dans les niches sociales où nous avons été placés.

Et pour finir Paul retourne à Skagen en se présentant comme le fils de Paul.

 Un récit autobiographique très sensible de Michelle Obama qui explique bien l'Amérique profonde, les gens modestes, qui font face. Ils sont représentatifs des 45% qui ont voté Trump.

Issue d'un milieu modeste, c'est la promotion d'une femme courageuse, avec toute la difficulté d'être noire.

Un aperçu des petits cotés de la Maison Blanche.et de la politique

Plus qu'un livre ce serait la chronique d'une vie ou un journal personnel

 Ceux que je suis - OLIVIER DORCHAMPS 

« Le Maroc, c’est un pays dont j’ai hérité un prénom que je passe ma vie à épeler et un bronzage permanent qui supporte mal l’hiver à Paris, surtout quand il s’agissait de trouver un petit boulot pour payer mes études. »Marwan est français, un point c’est tout.

Alors, comme ses deux frères, il ne comprend pas pourquoi leur père, garagiste à Clichy, a souhaité être enterré à Casablanca. Comme si le chagrin ne suffisait pas. Pourquoi leur imposer ça ?

C’est Marwan qui ira. C’est lui qui accompagnera le cercueil dans l’avion, tandis que le reste de la famille ­arrivera par la route. Et c’est à lui que sa grand-mère, dernier lien avec ce pays qu’il connaît mal, racontera toute l’histoire. L’incroyable histoire.

 Christiana Moreau - La Sonate oubliée

Sonate pour violoncelle et Basse continu en mi mineur.

Kewin et Lionella, deux amis d'enfance de la banlieue de Liège découvrent par hasard sur une brocante, dans une boîte métallique entrouverte, le livret d'une sonate oubliée du 18°s. et une liasse de papiers jaunis. Lionella est passionnée de musique et son ami ne se lasse pas de la voir jouer de son violoncelle.

Quand ils découvrent que l'auteur de cette sonate pourrait être Antonio Vivaldi le prêtre roux, Lionella déchiffre la partition et décide de présenter cette sonate au fameux concours Arpège, sans préciser qui en est l'auteur.

Entretemps les papiers jaunis révèlent que la première qui a joué cette sonate est Ada dal violocello une pensionnaire de l'Ospedale de la Pietà un hospice, orphelinat et conservatoire de musique. La prestation d'Ada était si remarquable que le Comte Charles Sétif de Fays en est tombé amoureux.

Nous sommes devant un récit en alternance entre la Sérénissime république de Venise au 18°s. et la province de liège aujourd'hui. C'est aussi l'histoire de deux filles dont l'histoire est transformée par la musique.

Christiana Moreau en a fait un livre brillant, en révélant Vivaldi l'un des plus grands compositeurs de la musique baroque, et le destin de ces deux musiciennes. La médaille coupée en deux trouvée au fond de la boîte métallique rattache Leonella au sort d'Ada dal violocello à travers trois siècles.

 Ernest Hemingway -  L'adieu aux armes. 1972

29-déc.-19

Son style d'écriture, caractérisé par l'économie et la litote, a influencé le roman du XXe siècle, comme l'ont fait sa vie d'aventurier et l'image publique qu'il entretenait. Il a écrit la plupart de ses œuvres entre le milieu des années 1920 et le milieu des années 1950, et sa carrière a culminé en 1954 lorsqu'il a remporté le prix Nobel.

 Quelquefois  en relisant les vieux auteurs nous trouvons un certain plaisir, pas seulement parce qu'ils ont marqué notre jeunesse mais parce qu'ils sont révélateurs d'une époque.

Quand un livre paru en 1972 se lit encore facilement, c'est bien qu'il a résisté à l'usure du temps :

"Un des meilleurs romans de guerre. Un des plus grands roman d'amour" (Note de l'éditeur)

 Dans ces années c'était la guerre, ce n'est pas rien la guerre pour ceux qui la font en risquant leur vie, ni pour celle dont l'amoureux est au front;

Hemingway en a fait un beau livre, le plus étonnant c'est qu'il était précédé par sa réputation d'aventurier et de noceur.

 Aujourd'hui qui se souvient encore de son prénom, il s'appelait Ernest.

 Laetitia Colombani – La Tresse

19/12/2019

Trois femmes Sarah (Canada), Mita (Inde) et Giulio (Sicile). Elles ne se connaissent pas, et n'ont aucune chance de se rencontrer mais se trouvent brutalement plongées dans une profonde détresse

Avec courage et détermination, ces trois femmes en difficulté décident de se battre. C'est très différent d'être une intouchable en Inde, une sicilienne ruinée, ou une avocate canadienne atteinte d'un cancer.

Il est vraiment question de la lutte pour la vie et celle qui se laisse aller risque de ne pas survivre. Laetitia Colombani nous fait découvrir la condition effroyable des intouchables, les milieux d'affaires au Canada., et l'indifférence des Siciliens quand une jeune femme veut sauver sa famille de la ruine.

Il est difficile d'imaginer la cruauté des hommes, le manque de dignité et le manque de respect pour les femmes – sans doute que placés dans des conditions extrêmes ce serait aussi notre lot.